@ Fox : Merci de ton intéressante et argumentée "déconstruction" des propos de JCK. J'espère ne pas trop te décevoir, mais je ne vais pas répondre à tes propos en détail, je me suis tout de même très largement exprimé sur ce sujet depuis 2-3 ans. Mon intérêt pour les analyses de Kaufmann dépasse ce simple article séminal et j'ai trouvé dans ses deux gros ouvrages-sommes que sont "EGO - Pour une sociologie de l'individu" et "L'invention de soi - Une théorie de l'individu" des argumentations très bien étayées et très convaincantes.

Rapidement sur 2 points :
1) Je pense que la transparence et la pulsion "scopique" (pour laisser un peu de côté la référence-qui-fait-peur de BB) seront de plus en plus à l'ordre du jour et qu'il est idéologique d'y voir a priori quelque chose de vil ou de "moins sain". Il faut, en outre, se garder d'imaginer des dispositifs à 100% ceci ou à 100% cela, ou de croire que l'individu sera dépossédé d'une large liberté de se montrer ou de ne pas se montrer, mais le je-te-vois, tu-me-vois, nous le vivons déjà en partie (Tiens, il y a Louis, Sean, Gena et Jérémie qui sont connectés ! ), nous discutons ici en continu, etc., etc., tout va bien, pas s'inquiéter plus qu'il n'en faut !

2) Non, "le médiocre et l'approximatif [n']occupent [pas] le terrain", voilà un truisme dépressif et coloré d'élitisme mal placé qui fait à mon sens pas mal de mal ces temps-ci et qui ne va pas de soi. Le regard de JCK est humaniste parce que, entre autres choses, c'est un regard coloré d'affection pour tout individu dans ses efforts pour être et bien être, ou au moins ne pas trop mal être. J'ai le même regard, Fabio faisait part du même type de regard indulgent/affectueux pour soi et pour les autres. Cette propension à fustiger la bassesse supposée des élans des autres (dans un contexte de difficulté à se trouver soi-même et de confusion entre son problème et celui des autres) est à mes yeux assez détestable. Je suis convaincu qu'aujourd'hui (je ne parle pas pour toute les époques, mais pour la nôtre), un regard humaniste qui ait su se déprendre de toute pulsion accusatrice a priori et atteindre l'indulgence pour soi et pour les autres est la condition de toute action efficace pour faire évoluer nos affaires.

(Louis, ne lis pas le préambule : il ne te concerne pas, tu es trop roots avec ton harmonica ... )
L'ennui dans les décadences (pour changer d'époque, comme tu le conçois Lionel, il faut bien qu'une phase s'aplatisse, qu'un vieil élan s'enlise), c'est que les artistes très en vue (qui vont dans le sens de l'air du temps) comme les penseurs les plus fédérateurs ("intellitgentzia" ex: BHL et consorts), sont symptomatiques à leur tour également, de la déconfiture. (ex: Dieudo comme ses éminents détracteurs *)
Les reflets du déclin peuvent aussi exercer une certaine fascination (alors les observateurs patentés prennent l'habitude de retirer l'eau du moulin ...) Bien sûr que les Officiels sont parties prenantes, c'est forcé (avant on disait "Académisme" pour désigner une pseudo-dynamique artistique, dominante, qui tournait en rond, ou "Propaganda" à l'est ...) Alors, plus que jamais il faut compter sur son intuition, et n'avoir pas peur du jamais-vu, voire de l'excentrique ! Faut fouiller (et zieuter les trouvailles des autres, comme avec les auteurs évoqués ici, ce qui m'amène à commenter ton dernier lien ).

Lee-O (je sais que tu adhères à ce discours, alors souffre que je le "déconstruise" un peu, purement par esprit de contradiction rhétorique ) Au passage : Jean-Claude Kaufmann se fourvoie à propos de prétendues erreurs de George Orwell : il parle des "écrans" comme d'autre chose que de fichus paravents, ce qu'ils sont toujours, même animés. Il observe des bocaux où l'on se montre, et où l'on voit des entités qui n'ont d'autres raisons d'exister que celle d'être à la télé ... (Slight return narcissique - guru meditation N°9- ... tapez escape)
Il a failli avoir raison qd il dit : "Big Brother ne s'est concrétisé que de façon marginale sous la forme d'un pouvoir abstrait surveillant d'en haut.
"Au contraire, il est au coeur du fonctionnement démocratique dans ce qu'il a de plus avancé, c'est-à-dire élargi au monde de la vie personnelle"

Se regarder le nombril, au final, c'est ce qu'il y aurait de plus avancé démocratiquement ? C'est faire bien de l'honneur à l'entertainment que de gloser comme ça, de la part des "intellectuels" ... Tous ont d'ailleurs validé de la pub à bon compte pour la trash-tv. La vie -la vraie- nourrit le télévisuel, pas l'inverse. La vie des autres évidemment ... Et ce qu'il y a de plus avancé dans la démocratie a été esquissé depuis que le peuple a retourné les cameras vers Big Brother, (qui n'en mène pas large ). Le camescope et internet sont les garants du monde futur, les jalons d'une co-habitation avec ce Big Brother qui sommeille en chacun de nous (la curiosité -plus ou moins saine- est très tendance parait-il) - (Little Brother est chargé, depuis, d'un souverainisme folklorique, neutre, et catalyseur). L'ubiquité est un contre-pouvoir populaire.
« Chacun [aura] son quart d'heure de célébrité. » c'est Andy Warhol qui l'a affirmé (JCK a oublié de référencer) : mais c'était pour dire que la célébrité et la création artistique ça fait deux (demande à Louis depuis qu'il cumule les 2 s'il n'a pas plus de boulot !? )
La création c'est d'abord un *savoir-faire* et ensuite un *faire-savoir* (un don de la connaissance... si on veut) Tous ces intellectuels qui se sont vautrés devant les reality-shows avec bonne conscience (forts de leur savoir-faire minimal : celui de commenter, de faire savoir leur opinion) oublient un peu vite les graduations dans l'Art ... Il ne voient pas que ces "programmes" (y'a pas d'autres mots ! pour l'audio-visuel racolleur) sont des torpilles envoyées dans les biotopes du Video-Art, et du multimedia au sens large (les arts plastiques et audiovisuels, cinematographiques ou photographiques). Le médiocre et l'approximatif occupent le terrain, c'est tout. Je ne comprend pas qu'un type comme Kaufmann soit dupe de ce jeu de miroirs : on confond le fond (souvent bien en dessous du 0) et la forme : ça a l'air juvenile et amateur, mais l'infrastructure est aussi pro que dans une réalisation de J.C Averty (pour citer le meilleur). Le matos a coûté aussi cher, mais pas pour le même résultat.
Si on va par là, Thalassa c'est du reality-show, artistique assez souvent, et je n'ai pas besoin du "délicieux frémissement" voyeuriste pour ne pas zapper, (je ne regarde que ce qui a été repéré en amont dans mon journal de toute façon).

De même quand je viens ici ça n'est pas pour me démultiplier, par le bon vouloir de cette fameuse "exterieurisation de soi" que le sociologue cité a l'air de si bien connaître. Sans quoi je me serais déjà fait jeté... (c'est anonyme finalement, et Dieu merci, le pseudo ne résume pas toute la vie de Fox...) Ma "fabrication identitaire, qui s'enroule désormais, comme l'a montré Paul Ricoeur, autour d'un fil narratif" est à la fois plus simple et plus complexe, finalement, mais ça n'est pas le sujet. Jamais vraiment... Le plus fameux des 3 mousquetaires, c'est le 4ème ! ...)
"L'individu a désormais la vertu d'élargir physiquement son être (ce qui l'incline à espérer follement qu'il pourrait ainsi vivre plus)". Là je le devine ironique, le JCK ... (lui qui préfère sûrement vivre mieux, que vivre plus ...). La *résilience* c'est tenter d'être entier, pas davantage. Pour ma part, tout au plus la recherche d'une rémanence ludique ... Quand ça parle "de soi", c'est tellement évident qu'on peut dire un peu n'importe quoi, (et je ne suis pas le seul à délirer comme le fait aussi Kaufmann en la circonstance ) justement parce que ces technologies procure un espace informel, un no man's land comme un exhutoire à toute frénésie d'utopie, un jeu de rôles plein d'imprévu déstabilisant gentiment l'individu, un haut-fourneau de fusion de l'ego, (-cf. "les doigts d'or" -Lavilliers ... "je voudrais encore travailler, travailler...") un creuset tellement chauffé à blanc qu'il finit par le liquéfier le "Je" des familles, par le mouler aisément dans du protéiforme concis, léger, rapide. Et Bleu.

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