Je connais aussi des gens comme ça qui depuis qu'ils sont équipés de graveurs, et surtout depuis qu'ils sont équipés du haut-dabit n'achètent plus aucun CD et très peu de DVD.
"Pourquoi payer pour ce que l'on peut avoir gratuitement?" est l'argument qui revient le plus souvent. Je me suis fait traiter de con (sur le ton de la plaisanterie mais quand même) lorsque j'ai dit à un copain que je comptais acheter le dvd de Téléphone (c'était en janvier) puis le disque de Louis.

J'ai acheté les deux, et de bon coeur, parce que comme Lionel, enfin si j'ai bien compris, je pense que c'est à chacun de juger de ce qui est bon ou pas pour la société (ici la création musicale mais on peut étendre le concept), et doit agir en conséquence.

"(...)Ainsi en cette semaine d'aout 201O on pourra trouver entre la lessive et le pack de coca le dernier Obispo , Nolwen "mes adieux au stade de France(...)"

old contrib:

(je précise ... Comme vous l'savez, y'a rien à voir SUR Fox TV, non plus)

Je ne suis pas certain que le côté gratuit du P2P (relatif : faut payer l'ordi, et le branchement, et puis les périphériques et les accessoires vierges : ça peut grever grave un RMI ça) avec la non-prise de risque (je dirais plutôt la facilité du choix) fassent qu'on apprécie moins.

J'aime aussi qu'un disque m'évoque qq chose, (comme je l'ai déjà raconté). Mais je suis plus nuancé : Au contraire c'est grâce au regretté Galaxy que j'avais pu retrouvé des titres de mon enfance (ex: comment trouver autrement "Psychose" -génial tube éphémère des sixties dont j'avais gardé le souvenir-... comme Venus (repris depuis) , les Ekseptions ou ... tiens, je cherche tjrs "Fire" qui était au hit parade en même tps que "Hello I love you" des Doors !!?? j'ai oublié par qui ... un mec qui avait une couronne avec du feu dedans)(!)
Autre exemple : j'ai découvert le trio Baker/Bruce/Moore sur internet et ça m'a fait un electro-choc. Comme avec d'autres titres mp3, j'ai déjà une histoire, un vécu avec ce british blues revival.
(Ce qui n'empêche nullement que depuis j'achète le Cd à chaque fois que je tombe dessus ! -gasp- :-) la deuxième fois c'était chez un (vrai) disquaire qui fait aussi de l'occaz, et des (vraies) soldes une fois par an, et comme j'aime je ne compte pas, pour avoir le skeud facilement sous la main vu que je me déplace souvent et que je suis bordélique (c'est pas moi qui le dit, mais c'est pas complet'ment faux, par la force des choses ... pour faire écouter aussi ... en direct dans la même pièce : convivialité en prime ).

En fait, c'est une idée de musicien je crois, ce côté "une histoire d'amour authentique, ça se mérite" avec la musique (par opposition aux passades, moins romantiques, sûrement ... ) Oui, ça me rappelle quand on faisait de la scène avec mes collègues, et qu'on s'avouait : "on a beau dire, on a beau faire, on joue moins bien à un concert gratuit, que quand on sait que le public a payé sa place d'avance..." (un réflexe de frime inconsciente sans doute, et du à des conditions techniques moins bonnes le plus souvent. Je n'parle pas d'un public venu pour manger des moules frites ou boire de la bière, mais de la sono de certains concerts free ).

Autre scénario "c'est deja demain" : à Cuba ça fait longtemps qu'un musicien est payé par la communauté avec un salaire mensuel, comme un fonctionnaire qu'il est (puisqu'il a une fonction jugée cruciale, in-dispensable à Cuba !) A mon avis c'est pour ça que cette île est le dernier bastion du communisme... (qui, comme toutes les idéologies, peut se résumer par "du pain et des jeux pour tous", mais, là-bas, façon exotique).
(Alors, bien sûr l'artiste gagnera la même chose pour faire danser le w-e sur la place du village, que s'il faisait un carton dans les stades. Dans la pratique, c'est vers l'âge de la retraite que la reconnaissance internationale leur permet de se payer des trucs de riches (et à leurs proches... au sens large -on est tjrs large aux Caraïbes ) ... cf. le Buena Vista Social Club boosté par l'allemand Wenders, (et l'américain Ry Cooder). L'exemple très connu aussi, c'est le portrait du Che, tiré à des milliards d'exemplaires, et dont le photographe ne touche les droits que depuis que des italiens l'ont crédité dans leur publication (des années plus tard).

L'autre créneau pour éviter aux créatifs de végéter, tout en tenant compte de l'industrie, c'est la TV. (Ou l'édition également -cf. Manu Chao (indépendant) , mais dans ce domaine tout reste à faire, et c'est bien verrouillé par les "groupes de presse".)
Nul n'est obligé de faire dans la pub pour pouvoir proposer des trucs : il doit bien y avoir d'autres "lucarnes" (heureusement) que ces qq mn mercantiles réalisées par des mercenaires. (D'ailleurs ils font de la pub pour de l'artistique, pas encore de la pub pour de la pub ... quoique. )
Seulement bien sûr, pour que les artistes puissent gagner leur croûte il faudra élaguer dans le foisonnement des talk-shows (un coût de production minimum : 3 tabourets, un table, et un micro, pour de l'audience facile, obligatoire finalement, faute de choix) ; et il sera nécessaire de faire preuve de pondération dans le docu-fait-divers qui s'étale encore et encore. Autrement dit, les créatifs devraient jouer des coudes avec les inévitables présentateurs/chroniqueurs et avec les journalistes omniprésents. A moins qu'ils ne travaillent en osmose !
Par exemple hier, réveillé par les embruns dans mon hamac sur le pont des 3ème classe, au dessus des moteurs, la télé était allumée et j'ai vu que y'avait Voulzy. C'est con, j'l'aime bien, mais là c'est vraiment trop tard pour le travailleur melomaniac (et ma cassette s'est arrêté bien avant -j'ai même pas chopé le blind test ... c'est dire)

"Tant va la schtroumpf à l'eau qu'à la fin elle se schtroumpfe" nous dirait schtroumpf à lunettes. Quand tout le monde aura tout téléchargé la création artistique numérisable aura quasiment disparu. Mais quel intérêt alors de disposer de connexions internet ultra-rapides? 20 giga ou 4 méga par seconde, pour afficher la page d'un forum ça change pas grand-chose, si?
Quand il n'y aura plus rien de neuf à télécharger, à leur tour les providers se retrouveront contraints de cesser d'augmenter les débits et leurs chiffres d'affaires.

Je t'ai trouvé extrêmement pertinent tout du long. "J'ai pas tout dit" conclus-tu, OK, admettons (et on attend avec intérêt ton décortiquage du scénario pessimiste), mais tu as bien balayé les aspects de la question en offrant le double point de vue d'un artiste qui produit et d'un auditeur des musiques des autres.

J'ai trouvé particulièrement bien vu que tu rapproches le mode d'accès à la musique qu'on choisit d'adopter et la question de la prise de risque. Et que tu fasses remarquer que c'est lorsqu'on prend un risque qu'on est impliqué et plus attentif. Alors que l'accès gratuit fait en effet plus des oeuvres obtenues sans risque des objets d'échange, d'accumulation, plus réifiés (= transformés en choses).

En conclusion, nous sommes bien d'accord, ce n'est pas le principe même du P2P qui est à contester ou à encenser, mais une affaire de modération, oui, d'équilibre à trouver entre ce que je goûte et ce que j'achète, bref, d'éthique individuelle, comme on le disait notamment lors de l'intervention intéressante d'Ysno.