Nilsson, Kurt Cobain etc. Pas besoin d'aller chercher si loin dans le temps et l'espace : souviens-toi de Nino Ferrer ... Un jour t'en as marre de chanter les Cornichons (écrit vite fait 20 ans plus tôt sur un riff orgue/basse) et tu fais ton Van Gogh dans le champs de blé ... Mais pas sans avoir maquetté 2 ou 3 concept-albums auparavant !
Remarque, ce sont les pionniers qui ont laissé des plumes... maintenant qu'on sait que y'a péril en la demeure ... on s'épargne les troubles.

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le Monologue du Rocker

J'ai pris mon couteau, mon appareil photo, j'ai sorti mes lunettes à verres progressifs du placard, mon filet à papillons (qui marche aussi pour la crevette) et je me suis dit, tout en essayant mon bermuda battle dress et mon casque colonial (de chez Pier Import) devant la théière alu qui me sert de miroir : "le professeur va faire une étude socio-ethnologique".
(Mais faute de budget, je suis parti pas très loin, chez mes potes et voisins... qui ont bien aimablement caché leur surprise, en me garantissant que je pourrais même dormir sur place, à l'occaz ... tout de suite, si je me sentais un peu fatigué...)

Dis moi si je me trompe, mais un rocker c'est quelqu'un qui ne fait pas de concessions inutiles (refuser les tongs et porter des bottes, même camarguaises, quand il fait 30° dehors, le jour, par exemple ... ) pas de compromis avec son idéal. Qui pense que son intégrité est la seule chose non sacrifiable qui lui appartienne. Pas de sacrifice possible avec son identité. Même beurré, cassé, il reste digne (en son for intérieur).
(Comme l'architecte du film de King Vidor " Le Rebelle" qui ne s'avoue JAMAIS vaincu.)
Les rockers se reconnaissent facilement entre eux. Intransigeants et chaleureux. La différence avec le rastaman (prononcer "wocker") c'est que sa foi est secrète. Un peu floue. "Rebel without a cause".
Solides comme des rocs. Leur foi (en la musique, pour le moins) est expérimentée au quotidien. Cadrée net. Pas que le dimanche, ou face à des livres.

Et qu'est-ce que tu attends, Isa, de celui qu'on appelle le Bon Dieu ?
Qu'il distribue les "licences to kill" ? Qu'il instaure le "droit de polluer" payant ? Qu'il censure nos pensées ?
Un rocker, libre par excellence, c'est quelqu'un qui n'attend rien de personne. Il est la preuve vivante que l'humain peut être incorruptible (inrockuptible si tu veux) et prêt à tout. Dispo à son scénario interne.
(document sonores connexes : "Bill Brillantine", "Ruby" etc. de Mr Eddy !) Excusez moi de le dire, mais il est vrai, le rocker. On peut compter sur lui, pour ça.

"Religion dominante" voilà un oxymore (collage de deux mots habituellement jugés incompatibles, des siècles durant, en l'occurrence...) "Religion", sauf erreur, au départ ça signifiait "relier", comme "Yoga" signifie le "lien" (avec le monde en général, tout naturellement divin, ou surnaturel, comme le sont la plupart de nos semblables ! )
Faute de mots nouveaux, la musique est une religion (culte profane, si on y tient, mais sans faille). La moindre fausse note dans l'harmonie, le moindre mixage déséquilibré, est tout le score est à foutre en l'air ... (sauf quand la touche undo est encore valide).

Harry Nilsson, quand je pense que je l'ai découvert dans les seventies, au juke box de chez Yvon, à l'île de Houat... ("I need you so bad" introuvable depuis ... hélas, non répertorié, y compris sur l'excellent site http://www.harrynilsson.com ( prodigieux, avec des liens partout !)
Puis en achetant mon 1er de ses 33tours (Pussy Cats : j'ai craqué, y' avait la tronche de Lennon sur la pochette -c'est produit par lui- et on pouvait voir le signe du Tao ! C'est celui-là l'album à conseiller, en fait) Trop belle la pochette ! Les americains le réédite avec une autre complètement naze. Très "cheap" hmm. )... Y'a 25 ans : La merveille à moins de 40 balles (tout neuf) sur le marché, entre Yvette Horner et Dario Moreno Cooooool !

Peut être cinq ans plus tard, en visitant un petit disquaire d'une station balnéaire, je suis tombé à la fois sur le 25cm "Super Black Market Clash" , et le "Duit on Mon Dei" de Nilsson, avec un trou de poinçonneuse-à-classeur au coin de la pochette en carton épais, pour signifié qu'il était "liquidé". Au retour, comme il commençait à pleuvoir, j'ai fait du stop parce que je ne voulais pas que mes reliques soient abîmées, et je suis revenu de cet endroit assez bourge (cf. Corvette, Facel Vega, Rolls et compagnie...) dans un "pôt de yaourt" blanc (voiture plutôt sixties...) conduite par un gars tout bronzé et très sympa (le genre "St Germain des Près")... Et j'ai attendu 15 jours pour pouvoir les écouter !

C'est en ça que consiste l'achat d'un disque ! Une quête du Graal, une quasi aventure amoureuse, un heureux hasard, une passion jamais assouvie ou un acte d'amour un peu égoïste, (et j'en passe ... et pas des pire)
C'est encore plus fort que de mettre un bulletin de vote dans une urne. Acquérir un disque (on continue de dire "album", même, parfois) est un rituel profane, et un acte de foi
(- Quoi non ? - Mais si : on croit en l'auteur, on croit que "ça va le faire", on croit à son propre investissement émotif dans cette musique, déjà on croit qu'on va avoir le temps d'écouter ce putain de disque ... et que si ça se trouve, on aura de la place pour le ranger ... etc.)

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Aussi, un truc qui me fait toujours marrer, c'est ce cliché du prétendu goût de "l'autodestruction" des rockers... Parce que ce filou de Malcom Mac Laren (bizness man) a compensé un accès de paresse de sa femme Vivienne Westwood (styliste/couturière) en ayant l'idée de prendre des épingles de nourrice pour logotypage de leurs groupes poulains, on va finir par dire que Jimi Hendrix, par exemple, était un kamikaze (je la fait courte...) Mais le punk était une imposture (les auteurs ont plaidé coupables) Y'a que des frenchies pour intellectualiser le truc à ce point ... Police/Sting, Talking Heads, Patty Smith, Strummer et Kent dans le même panier : laissez moi rire ! ( ça va mieux, merci ) Le vrai moteur il faut le chercher ailleurs ... Il faut ouvrir d'autres portes (cf. "BackDOOR man")