 |
Le 22/05/2004 à 02h24 (212.47.***.***) |
Fox -
|
|
`Dépêche
Gnac N°1 : La nation
est en deuil : Jacques Rouxel ne dessinera plus aucun Shadok
!
(téléporté
depuis le 25 avril 2004) ... « et c'est toute notre mémoire
de télévore ORTF qui prend un sacré coup
de pompe » (comme dit C.C.)
~~~~~~~~~~~~~~~~
`Dépêche
Gnac N°2 : Le poète Mangala (musicien africain
qui joue avec des instruments à cordes... jc, tu sais...
un peu comme le tien) a décidé d'opter pour
la philosophie inversée de celle dite "des 3 singes"
:
"Tout entendre - tout voir - tout dire !" ...
Il est donc moins regardant que moi (mais il ne faisait pas allusion
aux médias : il les utilise - tant que faire se peu - notamment
pour dire et pour chanter (fort bien au demeurant) à qui
veut l'entendre : "Même le désespoir à
des limites. Le fatalisme aussi a des limites." &hibar;&hibar;
(mais pourquoi je disais
ça, moi ? ... ah oui : il préconise que les choses
soient « bornées », comme souvent aux carrefours ... exactement
le fait comme "notre Jo national" : )
"Nous
sommes à un tournant. Nous avons les moyens dassainir
le transport maritime international.
Il ne sagit pas dagir contre, daccuser, de diaboliser
les uns ou les autres, mais de contribuer à limiter les
espaces, à borner le terrain de jeu de façon à
ce que chacun soit respecté. "
"Jouer cartes sur table,
ça sera déjà bien" : pour l'heure, le même mot d'ordre que votre
serviteur ... ± en quelques sortes
~~~~~~~~~~~~~~~~
`Dépêche
Gnac N°3 :
Avec Patti Smith la politique redevient
impliquante (waooo, je n'aimerais pas être à la
place des Bush quand on leur a appris que la meuf à Mac
Enro a déterré sa guitare de guerre et part en tournée
... )
... ça se défend
! why not : le même rameur "se jette à l'eau"
(comme on dit) [...]"puisque je suis candidat
aux élections européennes du 13 juin prochain."
"Le PRG, Parti Radical de Gauche, m'a proposé
de conduire leur liste dans le Grand Ouest.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre, au cas où
je serai élu, qu'il y avait là une belle possibilité
de mener au niveau européen, à Strasbourg, Bruxelles
et Londres, le combat pour la mer que je mène à
compte d'auteur depuis plusieurs années.
Je me suis pris à imaginer la création d'un groupe
de députés européens des régions maritimes,
trans-partis bien entendu, afin de défendre les intérêts
des populations des côtes.
C'est pourquoi, alors que je n'avais jamais approché de
près un parti politique, j'ai accepté la proposition
du parti radical de gauche.
Je dois dire que me considérant comme un artisan, je me
retrouve dans les valeurs de ce parti politique : priorité
à l'Homme dans un cadre social respectueux de chacun.
Je crois évidemment énormément en l'Homme
et à la force de la vie, mais je considère que le
rapport social ne saurait être organisé autour de
la seule notion de profit.
La théorie qui prône que la croissance pourvoira
à tout et qu'il suffit d'aller de l'avant pour qu'à
l'arrière ça s'organise spontanément était
sans doute valable à l'époque du Far West mais n'est
plus tenable maintenant.
Quelques uns considèrent la planète aujourd'hui
comme ils considéraient les grands espaces de l'Ouest américain
il y a plus d'un siècle et tentent d'imposer un système
mondial où le moteur, le but à atteindre, l'axe
de réflexion est le profit.
L'Homme ne saurait être considéré que comme
un élément constitutif du profit.
[...]
Face à la Chine qui sera la première puissance mondiale
durant la prochaine décennie, aux pragmatiques U.S.A qui
tireront pour pas mal de temps encore leur épingle du jeu,
à l'Inde qui arrive à belles foulées, à
la riche Russie que Poutine est en train de relancer, nous avons
intérêt à nous regrouper pour ne pas être
mis hors circuit.
L'Europe n'est plus une utopie, pas davantage un choix, elle est
devenue une nécessité absolue.
Et que voyons nous ? Nos vieux pays s'accrocher à leur
souveraineté, nostalgiques de leur puissance passée.
[...] Il n'est pas possible qu'ils ne se rendent pas compte que
leurs pays sont face au même problème.
Le monde a toujours changé, mais aujourd'hui il change
beaucoup plus vite, beaucoup plus fort.
La clé de la survie est plus que jamais la capacité
à s'adapter.
Plus on tardera à sortir de notre bulle/cocon, plus le
retour a la réalité sera douloureux."
Jo
-"ce
mail est le premier et le dernier mail à caractère
politique que vous recevrez de moi" - le Guen
~~~~~~
[Lionel : ça ne
recoupe-t-il pas là tes imprécations du dimanche,
quand le soleil a tapé (sur la tête) et que tu sors
le tomawak, sur la pelouse avec ton fameux pas de danse syncopé
!? ("sanere
coop-t-il pãlà sanere coupt-il pãlà
sanere coop-t-il pãlà " ... "Dancing Barefoot" ! Non ?
c-à-d : la mondialisation est inévitable et le clivage
forcené en interne n'est guère de mise, le 'conflit'
étant reservé à des blockbusters plein de
mercenaires gratte-papiers ou paysans, farouchement montés
au front contre les violenticides perplexes... qui font la tortue
comme seuls les romains savaient le faire ... Attends que je me
relise, y'a p't'êt'e maldonne )
|
 |
 |
Le 17/05/2004 à 14h50 (212.47.***.**) |
Fox -
|
|
précision utile : quand j'écris "Je travaille à me disculper " c'est à mes yeux, avant tout. Lorsque je me sens complice (du glauque et/ou du vain). Pris en otage (par les médias et les glorieux protagonistes qui y évoluent) on finit parfois par developper de l'affection pour ses ravisseurs (cf. Syndrome de ... Stockolm, c'est ça ?)
|
 |
 |
Le 17/05/2004 à 12h45 (213.46.***.***) |
Lionel -
|
|
Fox : De fait, ce que je veux dire c'est que la politique (au sens large) est sans doute trop canalisée par les partis ("jugulée" j'avais envie de dire !)
Oui, là nous sommes bien d'accord. D'ailleurs, je t'en parlais en message, j'ai terminé la lecture de "Quand tu seras président...", livre d'entretien assez salutaire entre Daniel COHN-BENDIT et son ami de 35 ans Bernard KOUCHNER (un des fondateurs d'Actuel, notre grand magazine contre-culturel des 70s, rappelons-le). Et voilà 2 types remarquables pour qui j'aimerais bien pouvoir voter prochainement mais qui ne s'inscrivent pas typiquement dans l'orbite stricte d'un parti et pour qui ce sera plus difficile de s'imposer. D'un autre côté, les temps changent (ce bouquin en est une petite preuve, entre autres), Kouchner est tout de même cité en tête des sondages de ceux à qui les Français voudraient voir jouer un rôle plus marquant, avec pas moins de 63% d'opinions favorables, c'est réconfortant et peut-être prometteur, faut voir.
JC : [...] C'est assez amusant, mais ton utopie fonctionne precisement en parallelisme avec, disons, une aptitude de veritable direction, ce qui tient evidemment la route et est logique...
Très bien vu, jc. Pour moi, c'était un lien qui était en effet logique (en apprenant à se connaître et à se gouverner, on acquiert les clefs sur l'humain et le gouvernement en général) mais je ne savais pas encore le formuler aussi clairement que ça, et c'était en outre une prétention délicate, dans la période de contestation de toutes les autorités. C'est seulement il y a 2-3 ans, en lisant un cours de Michel FOUCAULT qui pointait dans le même sens, de sa façon très pointue, que cette logique a pris pour moi encore plus de consistance.
Foucault est un penseur majeur de la 2e moitié du XXe siècle, qui a fait de la sociologie critique au cours des années 70 (la prison, la folie, les institutions sociales qui contraignent violemment l'individu), mais qui, contrairement à un Bourdieu coincé jusqu'à l'absurde dans un même discours juqu'au bout, a su évoluer au seuil des années 80, comprendre que la question la plus moderne était celle du sujet, et a donc su renverser son microscope sur celui-ci.
C'est précisément parce qu'il a traité cette question, qui moi me passionne depuis toujours, que mon attention a été attiré par ce cours au Collège de France de 1981-1982, intitulé "L'herméneutique du sujet" ("herméneutique", comme "hermétique", fait référence au dieu grec Hermès, inspiré du dieu égyptien Thot, et a à voir avec le déchiffrage des écritures. Le sens moderne d'herméneutique est l'"interprétation des phénomènes considérés en tant que signes", bref, on va dire que c'est un mot savant pour "décodage"). Le texte est abordable mais dense et je n'en ai lu que 60 pages sur 500 ! mais c'est déjà bien éclairant.
Cette première partie est consacrée au "souci de soi" promu par les grands penseurs Grecs, notamment Socrate ("Connais-toi toi-même") dans le dialogue avec Alcibiade, et à ce qu'il signifie. En voici les extraits qui ont trait à ton propos. D'abord (1) un passage sur ce qu'entend Socrate par "souci de soi" (c'est moi qui souligne et qui grasseye) :
"[...] Alors vous voyez que surgissent à ce moment-là deux questions. [...] Il faut s'occuper de soi, mais se pose la question : quel est donc ce soi dont il faut se soucier quand on dit qu'il faut se soucier de soi ? [...] Le dialogue de l'Alcibiade porte en sous-titre [...] : de la nature humaine. Or quand vous voyez le développement de toute la dernière partie du texte, la question que pose Socrate, et qu'il essaye de résoudre, n'est pas : tu dois t'occuper de toi ; or tu es un homme ; donc je pose la question : qu'est-ce que c'est qu'un homme ? La question posée par Socrate est beaucoup plus précise, beaucoup plus intéressante. Elle est : tu dois t'occuper de toi ; mais qu'est-ce que c'est que ce soi-même dont tu dois t'occuper ? Question par conséquent qui ne porte pas sur la nature de l'homme, mais qui porte sur ce que nous appelerions aujourd'hui la question du sujet. Qu'est-ce que c'est que ce sujet, qu'est-ce que c'est que ce point vers lequel doit s'orienter cette activité réflexive, cette activité réfléchie, cette activité qui se retourne de l'individu à lui-même ? Qu'est-ce que c'est que ce soi ? Première question."
Michel Foucault aborde ensuite plus directement ce dont tu parles :
"Deuxième question, qu'il va falloir aussi résoudre : comment ce souci de soi va-t-il, si on le développe comme il faut, si on le prend au sérieux, pouvoir nous conduire et conduire Alcibiade à ce qu'il veut, c'est-à-dire connaîte le tekhnê dont il a besoin pour gouverner les autres, l'art qui va lui permettre de bien gouverner ? En somme, l'enjeu de toute cette seconde partie, de cette fin du dialogue est celui-ci : il va falloir donner de ce "soi-même" une définition telle qu'elle implique , ouvre ou donne accès au savoir nécessaire à un bon gouvernement. L'enjeu du dialogue est donc celui-ci : quel est ce soi dont je dois m'occuper pour pouvoir m'occuper comme il faut des autres que je dois gouverner ? [...]"
En page de garde du bouquin, il est indiqué que les 2 derniers cours de Foucault avant sa mort, portent sur "Le gouvernement de soi et des autres" (1982-1983) et "Le gouvernement de soi et des autres : le courage de la vérité" (1983-1984), mais ils ne sont pas encore mis en forme et publiés. C'est donc bien le thème qui l'a mobilisé jusqu'à la fin et il sera intéressant d'avoir accès à ces textes.
Fox : De fait ceux qui se targueraient de savoir que "l'irréductibilité de la conflictualité" est irreductible sont des pisse-froid à côté de la plaque. [...] j'ai rarement vu mes ennemis de face ! [...] (et puis le *conflit* peut être interne [...])
Là, en revanche, nous ne sommes plus d'accord :
(1) je ne sache pas que ceux qui font ces hypothèses s'en "targuent", le commentaire vaut qu'on l'examine, et rappelle notamment celui des psychanalystes qui disent que tout sujet est "clivé", cherche à combler une brèche (la coupure du cordon, la perte du fusionnel ?) qui est en lui et qui est incomblable. On peut très bien sentir par intuition que ce n'est pas indépassable, encore faut-il y aller voir sérieusement avant de conclure.
(2) le fait même que tu t'imagines des "ennemis" est le prémisse que je conteste. Il est d'ailleurs troublant que tu les dises majoritairement invisibles, comme si ton inconscient savait qu'il valait mieux laisser tout ça dans le flou pour que cette fiction de l'ennemi ait quelque chance de perdurer. Mais si "l'ennemi" est un carburant qui en a fait avancer beaucoup, ce n'est vraiment pas ou plus le meilleur.
(3) le conflit est quasiment toujours interne et relève essentiellement de cette "question du sujet", de son clivage, etc. Et il est le mieux traité lorsqu'on fait le gros effort de le traiter essentiellement en interne jusqu'à la résolution, c'est précisément ce dont parlent Socrate et Foucault (et Kaufmann, et d'autres).
Fox : jc tu as farpaitement raison : je vais me faire une petite autocritique de derrière les fagots [...] c'est la perte de l'innocence (double sens : être coupable de fait(s) et actes injustes, tout autant que spectateur de l'entamure de ma naïveté naturelle, quasi enfantine)
Ah, il est beau, ce retournement sur soi, cet effort de réflexivité honnête et précis, ce coin que tu soulèves pour mieux expliquer "qui parle", "d'où tu parles", "ce qui parle" dans ton discours. Il débouche sur des questions centrales pour le sujet, innocence, culpabilité, idéal, réalisme, que nous triturerons peut-être un peu plus prochainement.
Réveillez-vous bandes de nains !!! : [...] Georges Mathieu - Discours prononcé à l'Académie des Beaux-Arts le mercredi 30 mai 1979
Encore un texte qui n'est pas d'un participant au forum et qui n'est pas non plus une citation dans le cadre d'un propos... mais il est moins long que la dernière fois, donc laissons-le là ! Des infos apparemment sûres tirées du Vert indiquent que contrairement à ce que certains pensaient, ce n'est pas Nebo qui se cache derrière ce pseudo.
Moi, je n'arrive pas à lire entièrement ce genre de diatribe déploratoire, ça me semble une perte de temps, il n'y a pas de stimulation des idées, d'ouverture, il y a l'expression d'une grande frustration sous forme de fustigation des esprits soi-disant faibles. Comment des esprits pourtant souvent fins peuvent-ils croire une minute que c'est en fustigeant qu'on peut convaincre ? (Le pseudo choisi ici est d'une candeur d'ailleurs presque rafraichissante tant il révèle cet état d'esprit). Sans doute la part lourdement aveugle à soi à laquelle chacun peut succomber.
Bon, j'avais quelques autres trucs à ajouter mais le reste attendra, j'en ai fait bien assez pour aujourd'hui (record battu : 1500 mots ! )
|
 |
 |
Le 17/05/2004 à 09h21 (213.56.***.***) |
Réveillez-vous bandes de nains !!! -
|
|
Intervention sur l'Europe à l'Académie des Beaux-Arts par le peintre Georges Mathieu
Lors de sa séance du 30 mai 1979, au moment où les partis politiques sollicitaient de toutes parts le soutien des personnalités à l'occasion des élections européennes, Georges Mathieu crut devoir alerter les membres de l'Académie des Beaux-Arts sur l'impérieuse urgence de la France àfaire de la dimension spirituelle de la vie l'objet dune préoccupation essentielle et sur le rôle que l'Académie des Beaux-Arts pourrait jouer afin de faire du besoin absolu de culture la base de toute I'activité européenne deproduction.
"Après le bonheur d'exposer dans la plus belle et la plus prestigieuse galerie des États-Unis et dans la plus ancienne et la plus grande galerie du Canada, je suis heureux de me retrouver, Messieurs et chers Amis, parmi vous.
Je ne viens pas souvent. Mais je vous aime bien. Une part de mon honneur est ici. Et c'est pourquoi il me peine, étant attentif à l'ordre du jour de nos réunions, de ne pas y avoir vu la trace d'un souci qui à mes yeux devrait être le vôtre, le nôtre : je veux parler de notre rôle, de notre action possible au sein de l'Europe de demain.
Il ne s'agit pas pour nous de faire de la politique, mais de manifester notre présence, notre existence, notre raison d'être, notre alarme, notre refus.
je sais qu'il nous est difficile d'infléchir les politiques de l'État. Nos Ministres ne nous reçoivent pas, ne nous écoutent pas, ne nous répondent pas. Toutefois, en face de fonctionnaires provisoires, nous représentons une force, une tradition -je dirais une élite - qu'il est de notre devoir de mettre au service de la nation, au service de tous les hommes et de toutes les femmes de France et même d'Europe, puisqu'il est avéré que la France - ce fut sa vocation tout au cours des siècles - est par excellence un pays de culture.
Répondant à une enquête dans le journal Le Monde en janvier 1976, je déclarais: « Ce qui fait aujourd'hui l'Europe, c'est qu'elle est liée fondamentalement - et on le souhaite irrévocablement - à la notion de personne, élaborée à Nicée en 325. C'est à partir de cette même notion que l'Europe doit se faire et non à partir de structures économiques dérisoires.
L'Europe que nous souhaitons n'est pas une Europe matérialiste, c'est une Europe sensible et humaine », et j'ajoutais dans la revue Paradoxes en septembre 1978 : « Tant que l'ordre culturel ne l'emportera pas sur les ordres économique et politique, il n'y aura pas de vraie civilisation. »
Devant le vide offert à cette pensée solitaire, rien ne pouvait me conforter davantage que les propos du Président de la République grecque, le Président Constantin Tsatsos répondant fin avril à Jean-Marie Benoist : « On a commencé par l'économique dans la construction européenne. Ma conception est tout à fait opposée . la culture constitue la base, puis vient le politique, puis l'économique. »
Quelle leçon, Messieurs, pour les hommes politiques de France que cette attitude du Premier des Grecs, alors que son pays est le dernier à entrer dans la communauté ! Quelle leçon aussi pour tous les autres pays ! Comme le dit Le Roy Ladurie: « Quand la Grèce entre en Europe ce n'est pas seulement de l'huile d'olive et des raisins secs, c'est Eschyle, c'est Platon » Cela est vrai, mais ce qui est plus vrai encore, c'est que notre culture à nous est vivante. Elle ne s'est pas arrêtée à Platon, et c'est pourquoi un certain nombre d'esprits - peu nombreux il est vrai - s'insurgent devant la carence des politiques à l'égard de la conscience culturelle de notre continent.
je ne sais si sont fondées les craintes de ceux qui ne veulent voir dans la future Europe confédérale qu'un prolongement économique et politique des États-Unis. Cela ne nous concerne pas ici. Mais ce qui nous concerne c'est l'envahissement d'un messianisme matériel qui affecte nos moeurs dans ce qu'elles ont de plus profond et de plus quotidien, qui affecte le style de notre société, notre langue, notre morale, notre culture. Il s'agit aussi de tout le climat de technocratie sociale et économique qui depuis quelques années s'empare partout de la vie publique et de l'administration. Pierre Emmanuel dénonçait récemment cet état de fait : « La multiplication des colloques internationaux n'est pas l'effet d'une mode, c'est la mise en place de l'instrument d'élaboration d'un système universel. Ces colloques réunissent tout ce qui compte dans la société de production en vue d'une réflexion sur ses pratiques. Il n'y est jamais parlé de valeurs et l'on n'y rencontre ni artistes, ni philosophes, ni théologiens, tous supposés incompétents. » « Au demeurant », ajoutait-il, « l'activité culturelle, regardée comme un simple reflet de la sphère de production, est passée aux mains d'administrateurs qui en font une annexe de la politique ».
C'est contre cette Europe qu'il faut agir. Cette Europe qui oublie que la finalité humaine c'est la culture. Cette Europe qui a relégué au second Plan la notion du progrès de l'homme par la valeur presque mythique conférée au progrès économique. Cette Europe, où l'accroissement de la richesse matérielle apparaît aux gouvernants et à beaucoup de gouvernés, comme l'objectif suprême et le fondement du bonheur universel.
Je le dis tout net: « Il ne peut y avoir de politique européenne en dehors de la recherche et du maintien de la primauté spirituelle et culturelle de la France en Europe. »
Mais où donc est la présence du monde de l'art et des lettres, de la pensée et des sciences sur les listes des quatre formations majeures qui engagent à elles seules, le destin de la France ?
Je n'ai trouvé que 4 représentants de l'esprit sur 324 noms ! N'est-ce pas éloquent ?
Oui, il me peine de ne voir sourdre, non plus, aucune initiative de nos confrères de lAcadémie française, lorsque la culture ou la langue sont en danger. Seul, Pierre Emmanuel - encore lui - s'est insurgé contre la confirmation de la suprématie de la langue anglaise voulue récemment par notre Ministre de l'Éducation, Beullac.
Il me peine, aussi, - vous l'avouerais-je - de ne voir jamais nos efforts conjugués - péchant par la même absence d'osmose et de concertation que celle de nos ministères - alors que nous siégeons sous la même coupole, alors que nous appartenons au même Institut.
Oui, il me peine, d'avoir entendu il y a quelques semaines M. Paul Germain, notre confrère de l'Académie des Sciences, souligner de son côté, avec amertume, que depuis que le pouvoir s'est mêlé de l'avenir scientifique, l'accent autrefois mis sur la recherche fondamentale, est orienté désormais vers les applications pratiques, créant une crise de la culture qui dépasse le problème des connaissances.
Et il me peine d'être seul ici avec M. Georges Auric à m'inquiéter de voir s'élaborer une Europe sans âme et seul avec lui à lancer un appel en faveur d'une « Union européenne pour la Culture ».
Certes, le silence des hommes de pensée sur l'Europe ne met pas en question la validité de leur pensée et de leur sensibilité. Elle met en question la validité de l'Europe que l'on nous fait, que l'on va nous faire.
Comment l'Académie des Beaux-Arts peut-elle rester à l'écart d'une entreprise qui va engager autant la vie de l'esprit que la vie matérielle de 185 millions d'hommes ? Comment l'Institut tout entier qui rassemble tout ce que la France compte de savoir et de dons, d'intelligence sensible et de sagesse peutil être indifférent à l'évolution qui va se faire sous nos yeux, menaçant notre langue, nos goûts, nos moeurs ?
Enfin oui. Il me peine de voir notre assemblée toujours plus vivement orientée vers la défense du patrimoine, vers le maintien de la tradition, en un mot vers le passé, et montrer moins d'enthousiasme pour les actions qui engagent l'avenir et le construisent.
Notre vocation n'est-elle pas double ?
A l'inverse des fonctionnaires et des parlementaires de Bruxelles et de Strasbourg, nous sommes presque tous ici des créateurs, ne l'oublions pas. Il nous appartient de prendre des initiatives, d'élaborer des projets, en un mot de promouvoir. La civilisation de demain résultera de nos oeuvres certes, mais aussi de nos actes. Il y va de notre honneur de signifier par quelque façon et quelque forme que ce soit, notre refus des conditions de vie qui se préparent pour demain. Ne nous laissons pas réduire à la seule dimension économique. Le discrédit jeté sur ce qui accentue la souveraineté des nations risque de ruiner la souveraineté culturelle et singulièrement celle de la France. Ne nous laissons ni égaliser, ni homogénéiser ni uniformiser, ni quantifier. Ne devenons pas le Québec de l'Europe ! Encore que ce Québec aujourd'hui se réveille et affirme plus que jamais son identité en face du monde anglo-saxon qui tentait de le cerner.
Montrons à l'ancien Chancelier Willy Brandt qui traite les Français de « chiens endormis », que les membres de l'Académie des Beaux-Arts sont non seulement vigilants et réveillés, mais qu'ils sont aussi prêts à mordre et... de grâce, Messieurs, ne retombez pas tout à l'heure trop vite dans le passé avec l'Histoire et même la Préhistoire... de nos Musées et de nos monuments... fussent-ils français !
Georges Mathieu"
Discours prononcé à l'Académie des Beaux-Arts le mercredi 30 mai 1979
|
 |
 |
Le 17/05/2004 à 02h42 (212.47.***.***) |
Fox -
|
|
jc tu as farpaitement raison : je vais me faire une petite autocritique de derrière les fagots ... aussi j'ai mes faiblesses (terme plus exact que "bassesses" employé hier pour répondre à Lionel) : je peux être un rien parano, un "vilain suspicieux" devant l'Éternel (comme dit ma copine) ... (Enfin, tout ça reste dans les généralités théoriques, rien de personnel en vue ...) Le délit le plus commun et le plus grave, ce qui fait que je ne suis pas 100% confiant (sur mes gardes, quoique non violent) c'est la perte de l'innocence (double sens : être coupable de fait(s) et actes injustes, tout autant que spectateur de l'entamure de ma naïveté naturelle, quasi enfantine) - quand j'ai compris le mécanisme retors employé... machiavélisme qui ne me serait pas spontanément venu à l'esprit, trop enclin à créer peut être, à composer ex-nihilo plutôt qu'avec les gens ... à leurs dépends. (Je préfère m'inspirer de trucs roots plutôt qu'avec du sampling dévoyé). La corruption est d'abord là : dans l'esprit. Et moi je suis plutôt jaloux de ma candeur au capital limité ... Je travaille à me disculper (c'est pour ça que je ne regarde pas tout à la télé ; et que je ne prend jamais de "ticket à gratter"). Je me maintiens innocent (voire "crétin" si on garde le sens étymologique proto-chrétien...) Quand on demanda à Lino Ventura s'il faisait de la politique ses mots furent : "... pratiquement pas. Je la subis comme tout le monde, elle m'entame. On ne peut pas y être indifférent, mais je ne fais pas de "politique". (Je ne suis pas taillé pour ça ...) Je n'ai pas une crédibilité totale envers la politique. Je suis assez dévitalisé dans ce domaine !" Quand on sait qu'il a fuit l'Italie de Mussolini pour faire le catcheur en France (le stratagème : s'exposer pendant des mois sur les affiches des murs alors qu'on est recherché et sans papiers !) Quand on connaît son action avec "Perce Neige" etc. on comprend mieux rétrospectivement ce que signifiait pour lui faire de la politique ... (ça se résumerait globalement : être libre et défendre ceux qui ne le sont plus).
|
 |
 |
Le 16/05/2004 à 16h26 (212.47.***.**) |
fox@ lionel -
|
|
De fait ceux qui se targueraient de savoir que "l'irréductibilité de la conflictualité" est irreductible sont des pisse-froid à côté de la plaque. Des mécréants qui ne croient pas en l'humain sans doute... Mais le vrai contre-sens c'est de croire que nos tourments viennent systématiquement d'un clash : j'ai rarement vu mes ennemis de face ! Le mépris, l'indifférence, le manque d'empathie sont à garder du coin de l'oeil... Le pouvoir aime le secret et les nuisibles cherchent l'ombre. Dans les partis politiques, dans le show biz, dans l'administration etc. les croche-pieds, les perfidies, ou simplement l'inertie (surtout institutionnalisées j'veux dire, pas uniquement les bassesses individuelles, comme décrites par Lhasa) elles existent hélas. Sans bagarre. Alors je dis : il faut jouer cartes sur table, ça sera déjà bien. (et puis le *conflit* peut être interne, faute d'entrainement... de lubrification de l'ethique)
|
 |
 |
Le 16/05/2004 à 14h00 (213.101.***.***) |
jc @ lionel -
|
|
Cher Lionel, je suis relativement seduit par ton discours et par ta volonté que je comprends mieux à present (j'avoue que parfois je me disais que tu étais peut etre trop stoïque sur certains points, mais je crois que je piges là). C'est assez amusant, mais ton utopie fonctionne precisement en parallelisme avec, disons, une aptitude de veritable direction, ce qui tient evidemment la route et est logique... Voila ce qu'ecrivait Daniel Goleman, pyschologue americain, dans son livre "l'intelligence emotionnelle" : Diriger, ce n'est pas dominer, c'est savoir persuader les autres de travailler pour atteindre un but commun. Eh eh...pas besoin d'autres details hein? Oui, le dialogue est essentiel... mais, au dela de celui-ci, la critique (et aussi l'autocrotique ) est I-N-D-I-S-P-E-N-S-A-B-L-E et une bonne critique insiste sur ce que la personne a accompli et sur ce qu'elle peut encore accomplir : eternelle volonté d'aller plus loin : bouffons la connaissance à pleine bouche! Faisons bonne route, vous et moi... 
|
 |
 |
Le 15/05/2004 à 18h11 (213.46.***.***) |
Lionel -
|
|
A Helios : C'est un bon mot plaisant, c'est sûr, mais ça fait une seule ligne (sur mon écran en tout cas), donc si ça se veut en plus une contrib au débat, c'est plus que très léger.
A Fox : De mon point de vue, ça n'est pas une "confusion des genres" qu'il serait impératif de dissiper, c'est une convergence historique (c'est-à-dire pas un hasard, un détail, un signe de confusion des valeurs, mais au contraire un mouvement de fond à l'oeuvre depuis plusieurs décennies). Il m'arrive de dire que c'est une convergence des meilleures valeurs de droite et de gauche, parce qu'il y a de justes et utiles concepts dans les deux visions, et il me semble que pour faire face au problème de ce nouveau siècle, de cette nouvelle ère, ce serait la bonne configuration de synthèse (des idées).
Cela dit, il est vrai que je lis ces derniers temps un certain nombre de réflexions sur "l'irréductibilité de la conflictualité" chez l'homme, des réflexions qui émanent de différents champs -- psychologie, sociologie, histoire, politique, etc. --, ce qui étaye un peu plus leur éventuelle pertinence. Selon ceux qui lancent ces hypothèses, la conflictualité, c'est-à-dire la tendance de chaque individu à entretenir des conflits, en pensées, en paroles, en actions, avec un autre ou des autres qui incarneraient à l'extérieur une conflictualité interne propre à chaque individu, eh bien cela ferait partie de la nature humaine sans pouvoir être "réduit", dépassé.
En fait, on peut penser qu'on ne devrait pas tarder à être fixé tellement les choses s'emballent ces années-ci ! Tu mettais l'accent sur l'importance du rêve dans ta dernière contrib. Moi, je suis animé par un rêve depuis toujours et qui m'occupe encore aujourd'hui, c'est précisément, entre autres, de dépasser cette conflictualité et de vivre dans un monde où il est possible de jouer/jouir/construire avec tous les autres, sans exclusive
Tu comprends donc peut-être mieux pourquoi non seulement je ne peux pas partager le "rêve" selon toi des altermondialistes, bien trop fondé sur la conflictualité, "c'est la faute aux autres, au système, etc.", et pourquoi je trouve -- tout en ne niant pas, je le répète, l'intention généreuse fourvoyée de la plupart de ses adeptes -- que c'est une arnaque de rêve, dangereuse et à contre-argumenter, un rêve roublard ou naif où il y a encore des méchants à combattre. Dans mon rêve à moi, il n'y a pas de méchants, il n'y a que des hommes qui doivent toujours mieux partager tourments et joies. C'est un rêve bien plus ambitieux pour se rapprocher duquel il ne suffit d'aller à Porto Alegre à quelques dizaines de milliers pour faire nombre, il ne suffit pas de dire "un autre monde est possible" en se drapant dans sa bonne conscience et en agitant des idées simplistes, il ne suffit pas de se dire "après tout, on peut foutre un belle merde, si on veut, allons-y, foutons-là !".
Ce qui me chagrine le plus, c'est qu'il y a beaucoup de sincérité et de volonté de bien faire, dans ces mouvements, mais ça coince à mon sens au niveau de la synthèse politique, ça retombe lourdement dans la réaction, la dramatisation, le rapport de forces. Bon, cela dit, ils ne sont pas les seuls. Mais pour ceux qui comme moi prônent essentiellement la non-violence et le dépassement de la conflictualité dans le rapport ouvert et autant que possible chaleureux avec le prochain, on continue à se sentir un peu trop seul pour qu'un tel projet ait ses chances, même si depuis quelques années, il y a un frémissement.
Cela dit, ça n'empêche pas que le rêve est toujours tout aussi fort en moi, donc il faut continuer à bosser pour y arriver ! 
|
 |
 |
Le 15/05/2004 à 16h47 (212.47.***.***) |
fox -
|
|
L'inconvéniant de la confusion des genres (g/d) c'est que c'est le Centre qui, en fait, prend toute la place (au lieu d'être un pivot). "On sait comment TF1 a pris le pouvoir : en disqualifiant le monde, en lui faisant subir une décote radicale. Parce qu'il est plus facile de défendre que d'attaquer, de déshabiller que de vêtir, d'enlaidir que de magnifier... ..." (Pascal Mouneyres dans les Inrocks) C'est la grande braderie ... La focalisation Gauche/droite manque de profondeur, de "verticalité" ... (autrement dit : ça ne tient pas debout, ça reste couché sur la moquette... cirage de pompes oblige ! warf !)
|
 |
 |
Le 15/05/2004 à 08h13 (213.36.**.***) |
helios -
|
|
quand la gauche est au pouvoir on se dit putain ya plus de gauche. Quand la droite est au pouvoir on se dit oh la la il y a encore une droite
|
 |
 |
Le 14/05/2004 à 14h27 (213.46.***.***) |
Lionel @ jc -
|
|
Hé hé, bien vu ! En plus, j'avais dans ma classe, au Lycée Carnot, un des fils ou petit-fils (c'est flou dans mon esprit) d'Emmanuel Berl !
Voilà en effet un intellectuel juif humaniste qui était déjà assez inclassable sur l'éventail politique classique (mais en 1964, c'était encore une exception) et qui pose donc déjà ici avec une bonne dose d'ironie la question du dépassement de ce type de classement.
Le phénomène (brouillage de la classification droite/gauche) a, depuis, largement évolué dans le même sens, celui d'une amplification. On a dit souvent, ces dernières décennies, que la gauche avait fait souvent des réformes que la droite ne pouvait pas faire politiquement et vice versa. La classification n'est pas totalement obsolète, mais d'une part la différence se réduit essentiellement à la nuance entre social-libéral et libéral-social -- ce qui montre bien que l'essentiel de l'éventail politique et du peuple a intégré que les deux options étaient à conjuguer plutôt qu'à opposer -- et d'autre part, dans chaque camp, il y a des individus qui s'apparentent consciemment ou non à l'autre camp.
D'ailleurs, les commentaires venant des autres pays européens sont instructifs pour juger avec recul de ces positionnements. Ainsi, à la suite des dernières élections régionales, Libération présentait des extraits d'articles de la presse espagnole et anglaise. Dans The Independant, journal centriste anglais, on pouvait lire :
"M. Raffarin se situerait plutôt à la gauche du New Labour de Blair ou des sociaux-démocrates de Shcröder. Pourtant, on l'accuse -- pas seulement chez les ouvriers ou au sein de la gauche romantique, mais aussi parmi les classes moyennes -- de se vendre à une espèce d'ultracapitalisme, vision très peu française de la France future. Depuis quinze ou vingt ans, une curieuse habitude semble s'être installée dans la politique française. Les électeurs se plaignent que les élus trahissent leurs promesses et ne font rien pour réformer le pays. Mais s'ils essayent de changer quoi que ce soit, ils se font punir."
Et le grand quotidien de gauche anglais de qualité, The Guardian, en rajoutait une couche :
"Raffarin n'est pas précisément le Margaret Thatcher français. Son projet de réforme des retraites a jeté des milliers de personnes dans la rue et a paralysé la France. Pourtant, le résultat a été d'augmenter le nombre d'annuités dans le secteur public de 37,5 à 40. Mais pas avant 2008. Pas vraiment le bois dont on fait les révolutions. Et à en juger selon ces critères, la réforme du système de santé sera une tâche herculéenne. Celui-ci connaît pourtant une hémorragie de 12 milliards d'euros par an. [...] Les hôpitaux français offrent le double de lits par habitant par rapport aux Anglais. Mais ils ne peuvent manifestement plus se le permettre. [...] La France a un sérieux problème pour mener ses réformes... et même pour admettre qu'elle en a besoin."
Plus près de nous, Alain Duhamel remettait avant-hier à peu près les mêmes pendules à l'heure dans sa chronique habituelle de Libé intitulée cette fois http://www.liberation.fr/page.php?Article=204789" TARGET="_blank">La Gauche a besoin d'Europe.
Plus généralement, jc, bravo pour ton travail, ta volonté de te documenter, de réflechir et de nous livrer des considérations qui montent en grade !
|
 |
 |
Le 13/05/2004 à 19h44 (212.47.***.**) |
Pr Fox -
|
|
"Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier,d'une autre solitude. Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse. Je ne suis plus de chez vous. J'attend des mutants. [...]Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés. Je suis prêt à vous procurer les moules. Mais ... La solitude ...[...]Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de lavez ce que vous croyez être votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. Et pourtant ... La solitude ... Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment nous l'appelerons "bonheur". Les mots que vous employez n'étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience. Mais ... La solitude ..." Leo Ferré (par Tue-Loup) Lionel : L'altermondialisme, je ne suis ni pour ni contre (d'autant que c'est toi qui m'en a le mieux montré les limites tout en me le faisant connaître quasiment). Ce que je vois c'est que c'est un rêve pour beaucoup... une utopie à porté de main (avec quelques aménagements). Et c'est ça qui compte : rêver ! Francis Blanche a imaginé une épitaphe qui dit "il repose ici. Il rêve. Il était fait pour ça" (grosso modo, c'est con je ne me souviens plus des termes exacts) Le contraire de ce qui nous est proposé dans les médias (cf. Ferré - qui chantait tout à l'heure sur France Inter chez Claude Villers "Que reste-t-il de nos amours ?" de Trenet. "Une photo...." y'a des photos qui comptent, mentalement, et d'autres, vendues tres tres tres cher, qui sont des souillures pour notre "enfance" future, notre innocence fragile). A part ça, pas de laids-arts ! (je suis aussi d'accord avec moi ! )
|
 |
 |
Le 13/05/2004 à 17h40 (213.46.***.***) |
Lionel @ Fox -
|
|
Merci de ton re-accueil chaleureux, camarade, et désolé de t'avoir égratigné avec, comme souvent, un poil trop de vigueur. Je le sais bien, que tu n'es pas un contestataire primaire. Mais tu relaies tout de même pas mal le coeur de thèse altermondialiste, et comme je pense que ces thèses rendent plus difficile un rassérènement du climat en accentuant le conflictuel au lieu de l'apaiser, je critique.
Et comme je te sais aussi non-violent que moi (voire un epsilon ou deux de plus que moi ), aussi enraciné que moi dans ce projet prometteur qu'annonçaient nos années 60-70 et qui est encore à accomplir, et que par ailleurs j'ai un solide appétit pour le fusionnel, le consensuel (miam, quel beau mot ), etc., ça m'embête un peu qu'on soit souvent tellement sur la même longueur d'onde et pas sur ça. Ca doit être pour ça que mes remarques critiques sont plus appuyées qu'elles pourraient l'être, par dépit fusionnel, hé hé ! C'est aussi un tout petit bout de la raison pour laquelle je ne débats plus tellement ici : on ne va pas tourner 100 fois autour du même débat "discours altermondialiste / critique du discours altermondialiste", etc., parce que ça aboutit à trop se répéter.
Et pour l'instant, mes arguments ne sont pas suffisants pour te faire bouger de cette position
qui ne me semble pas tout à fait cohérente avec cette inspiration de base qui te porte et que je partage largement, mais bon, je réessayerai de temps à autre ! 
A part ça, je te donne évidemment acte de la reformulation plus claire de ce que tu voulais
dire sur Sarko et les médias, et sous cette forme-là, je suis d'accord avec toi.
Et hop !
|
 |
 |
Le 13/05/2004 à 15h39 (212.83.***.***) |
Pr Fox -
|
|
y'a un nouveau mot dans l'argot des lycéens : "tu mythonnes !"[verbe qui signifie : tu brodes, tu te mens à toi même, tu (te) racontes des histoires plus belles ou plus laides que la réalité, tu pars sur une piste plus droite que la vérité ne laisserait faire ...)
|
 |
 |
Le 13/05/2004 à 15h23 (212.83.***.***) |
fox @ lionel etc -
|
|
J'ai été à la fois joyeusement surpris et légèrement contrarié, disons déstabilisé, par l'estimable contrib juste en dessous : du coup j'en ai oublié les sauts de lignes ! Sorry.
"Surpris" parce que ça se fait rare cette sagesse(et... "ce qui est rare est cher") et perturbé parce que j'avais un peu oublié cette habitude qu'a mon cyber-poto Lionel de me mettre une casquette de contestataire primaire (mais ce sont les règles d'un jeu mutuel, consenti, qui frise le private joke ! moi je ne me gêne pas pour lui poser un chapeau pointu de réac à l'occasion ... qui fait le larron !?) Alors pour défendre mes coreligionnaires visés à travers moi : je dirais que le dogme peut être un frein à la spiritualité, donc prudence. Contrôle, dans un camp, comme dans l'autre, comme dans l'autre (3, ça va toujours par 3). C'est pourquoi j'évite d'être dogmatique, car je suis un gars pratique. Pragmatique. (Et que par conséquent, je préfère le mode de scrutin à la main, plutôt qu'avec des machines électroniques : on a vu le bordel pour les élections de Bush II !!!)
Et je disais simplement que les médias parleront de Sarko en bien s'il se comporte bien, sinon non (j'ose le croire). Comme avec Mandela. Sa personnalité bénéficie de l'espoir de certains, mais il n'a pas les coudées franches : le système est là tout autour. La 5e République sent quand même un peu le moisi ... Et puis, moi, les pronostiques comme au tiercé, c'est pas trop ma tasse de thé... (d'ailleurs je n'ai pas eu l'impression que Louis se voulait prêcheur là ... juste intrigué)
Et c'est pour ça que j'admire véritablement les boxeurs (même si c'est un sport qui fait un peu archaïque, gladiateur & co) : c'est de voir l'exaltation d'un homme seul contre tous (son adversaire, son entraîneur marron, le public hargneux, les médias vénaux, son entourage social qui le jalouse, sa famille qui tente de le dissuader etc.) mais libre de jouer son destin, entre les sonneries du gong !
Un peu comme un guitar-héros sur scène de 21 h à juste avant le dernier métro !
|
 |
 |
Le 13/05/2004 à 14h48 (212.47.***.***) |
fox @ dan -
|
|
Content pour toi que tu ne te laisses pas démoraliser, même au bord de la nausée (sans parler des questions de stationnement)... Pour la suggestion de noms : Le Triangle des Bermudes (va savoir pourquoi !? ... et le slogan : Sonique Nexus !)
Il y a deux choses que je ne m'autorise plus à regarder dans les médias : le glauque et le vain. Je zappe SYSTÉMATIQUEMENT le morbide et la vanité. La vue du gâchis, quel qu'il soit, me fait grincer les dents, alors pour ne pas me retrouver avec un imaginaire mité, pour ne pas me pourrir le sens facultatif, je me dispense habilement des actualités préfabriquées et je m'évite le supplice des résultats des Lotos et autres arrogantes déperditions d'énergie. Parce que, par dessus tout, ce dont j'ai horreur, c'est d'avoir le sentiment que ma conscience est prise en otage, pour des intérêts qui ne me toucheront jamais, de près ou de loin !
Je l'avoue : j'ai une opinion assez haute de la valeur de mon attention ! (Hé oui, presque aussi élevée que le coût des clichés plus ou moins fabriqués dans des sous-sols sordides, ou que le montant du super-tirage offert à la beaufitude, handicapée de l'empathie !)
Maintenant, si je déroge à ce principe que je me suis imposé dans les années 80, j'ai l'impression d'être complice. Une grande culpabilité, et un bad feeling d'impuissance. Et comme je ne suis pas maso : ZAPPING !
(Ce qui ne signifie pas que je me voile la face, bien au contraire : non seulement je suis parfaitement au courant des atteintes au respect de la personne humaine (le contraire serait difficile !) mais je suis en totale osmose avec des champs de conscience beaucoup plus variés et nettement plus réjouissants ...)
Car le pire ce n'est pas ce qu'on nous montre mais ce que celui qui capte imagine ! L'inconscient collectif est salement pollué par tant d'inconséquence (y'a qu'à voir le topo du "si je gagnais au loto" ... pas de quoi se relever la nuit !)
"La vulgarité est dans le regard de celui qui regarde, pas dans le tableau" disait je ne sais plus qui ... La grossièreté atteint le témoin : sujet-badaud, devrais-je dire. Les citoyens ne sont pas des badauds ! C'est ce que je crois.
|
 |
|