En fait, nous ne parlions pas, je crois, spécifiquement d'intérêt (personnel), mais tes comptes un peu d'apothicaire semblent nous y ramener (un des arguments utilisés pour expliquer la chute du marché des CD, c'est qu'il y a moins de bonnes chansons -- 2 ou 3 en moyenne ? -- sur chacun d'eux qu'avant ; le paiement à la chanson permet en fait de n'acheter que les 3 ou 4 meilleures pour 3 ou 4 euros). De toute façon, les chansons seraient à 0,50 l'une, tu y trouverais apparemment encore à redire, puisque tu réclames de pouvoir payer exactement ceux dont tu penses qu'ils le méritent en excluant ceux qui, de ton point de vue, ne le méritent pas. Il y aurait pourtant une certaine logique, si tu apprécies les chansons d'un artiste, à respecter son choix de passer par des intermédiaires ou de diffuser ses oeuvres directement.

Cela dit, si tu ne pirates aucune (ou presque, on n'est pas des robots) de ces chansons et si tu payes pour des oeuvres auto-produites par des artistes choisissant ce mode de diffusion directe, au moins es-tu cohérent dans tes actes et dans tes discours. Est-ce le cas ?

Merci au staff et joueurs de l'équipe de France de Volley-ball. Ils ont illustrés avec flamboyance certains mots comme pugnacité, intelligence et humilité. Que certaines "staracailles" du Basket-Ball s'en inspire.

Sinon, merci de ces dernières contribs qui poursuivent intelligemment la réflexion. Néanmoins, je ne suis pas d'accord sur tous tes points.

1) Oui, les actes de solidarité nous élèvent, mais non, leur moteur n'est pas uniquement la dialectique culpabilité/innocence, ce peut être notamment le couple compassion/devoir.

2) L'exemple personnel que tu cites une fois de plus honnêtement et sans fard est à tiroir, on peut en tirer plusieurs enseignements comme tu le fais, et je ne commenterai pas ce que tu rapportes de l'émission pour ne pas faire trop long. Mais en ce qui concerne la culpabilité à regarder une telle émission, comme hier, je pense que ça a à voir avec le regard des autres et la question de l'identité. Moi, par exemple, à l'époque ou ça passait, il m'arrivait de regarder sans déplaisir "Tout est possible", de Jean-Luc Morandini, qui constituait pourtant pour une certaine presse intellectuelle et dans certains milieux, le pire de la "télé-poubelle" indigne, condamnable et basse. Je n'en ressentais aucune culpabilité, ce n'est pas plus le cas maintenant, et je pense toujours que ces commentaires méprisants étaient outrés, comme me paraissent tout aussi méprisants et peu sagaces les commentaires uniquement négatifs sur la télé-réalité d'aujourd'hui.

3) Concernant l'autoproduction de CD, tu l'associes à la gratuité et tu fais légèrement à mon gout dans le pathos du pauv' musicien qui a des qualités mais qui ne fait pas le poids devant les gros circuits, mais ce que je vois autour de moi ne va pas dans ce sens. Pour mes amis musiciens professionnels, c'est au contraire une source de revenus secondaires notables ; ils ne font plus une manche ou un engagement dans un bar-musique ou ailleurs sans emmener des CD auto-produits, vendus entre 10 et 15 euros, ça part comme des petits pains s'ils sont en forme et jouent bien sur scène ou sur le trottoir, et cela permet parfois d'aller jusqu'à doubler le produit de la manche ou le cachet. Bien sûr, c'est du bricolage, de l'économie grise, mais ça peut servir d'étape positive vers quelque chose de plus officiel. Et en tout cas, c'est le contraire de l'industrialisation, c'est la distribution à la base, dans l'immédiat voisinage.

4) Je ne marche pas dans l'explication que ce serait ces CD autoproduits qui feraient du mal actuellement à l'industrie du CD, ni dans celle que le piratage a toujours existé au même niveau. On ne peut pas comparer des copies sur cassette analogique (1h pour copier un disque d'1h avec perte de qualité) et la généralisation de la copie CD numérique (5mn pour copier un disque au strict identique). La preuve, d'ailleurs, il ne me semble pas que personne ait jamais craint que les copies sur cassette menacent l'industrie du vinyle. Pour autant, les protections de CD ne sont aucunement une solution et tout ce qui est piraté n'aurait pas été acheté, loin de là. Cette industrie doit sans doute se dépêcher de mettre en place des solutions de téléchargement riches, pratiques et à coût modique, par exemple comme dans la récente initiative d'Apple, avec la chanson à 1 euro pour un usage illimité sur tous supports.