Fox : A part ça je m'attendais un peu à être provoqué la-dessus

Hé hé, t'as une bonne intuition. Et si ta réponse me satisfait moyennement sur le fond, je suis extrêmement sensible à sa forme, cette belle couleur de citation, ces paragraphes équilibrés et consacrés à un mot bleu gras, cette belle articulation de la pensée (si tu en as fait plus que tu ne pensais sur le sujet, c'est probablement entraîné par la justesse de cette forme).

Sur le fond, ton argumentation est intéressante mais inhabituelle, parsemée de touches gentillettes voire possiblement naïves ("A mon avis le grand gaillard de Jo Le Guen n'a pas pu refuser à son amoureuse de l'accompagner..."), pas vraiment la tonalité de propos qu'on lit de toi habituellement. (Mais c'est précisément intéressant.)

Comme l'indiquait je crois clairement ma conclusion ("Il s'agit d'une affaire de style et non de morale"), je visais quant à moi non pas Le Guen, ni sa femme, ni le principe de ces émissions -- qu'il m'est arrivé de voir, car ce que fait Mireille Dumas depuis 15-20 ans est tout de même intéressant et en phase avec l'évolution de la société --, mais des discours trop simplistes pour qui une action comme celle de Le Guen et la TV de Dumas ou d'un autre seraient obligatoirement antagonistes.

Je ne dis pas ça dans un esprit sarcastique (même si une petite pique gentiment ironique ne se refuse pas), mais pour noter que même si l'on a pu se sentir plaisamment intellectuel à brocarder la "société du spectacle" au XXe siècle, tout projet recherchant l'attention, l'intérêt, le soutien d'un public aussi large que possible se voit amené, au 21e siècle, à consacrer un travail particulier à sa promotion.

Ainsi les convictions seraient synonymes de foi (mais j'aime mieux "franchise" des croyances, "fermeté" des opinions tranchées, balisées plutôt, "confiance" dans l'étrangeté de l'Autre)_[la Maj. c'est Sartre qui la met, lui qui fait dire : "l'enfer c'est les autres", à un personnage de théâtre (car il était auteur à ses heures), et c'est devenu sa citation la plus connue, alors qu'il pensait tout le contraire...]

Le contraire de croire ça n'est pas douter, mais savoir. Voilà pour le qualificatif "mystique"... (comment dois-je le prendre ?) Je ne sais pas, donc je crois. Fais comme moi. (Comme tout le monde, en fait, qui ne doute pas / pas tout le temps). Le doute n'est *tolérable* qu'avant l'action (cf. "le trac") concentrée. Après, une méditation est bienvenue. Après, on peut prendre une douche aussi (l'un n'empêche pas l'autre... mais là n'est pas la question). En tout cas je ne suis ni fan (sinon j'irais sur un site plus brosse à reluire...), ni partisan (j'n'ai pas ma carte), ni manichéen (le sectaire à la mode), ni obligé de choisir entre "croyant" et "incroyant" comme à la roulette entre rouge ou noir... Pourquoi pas un tatouage derrière l'oreille pendant qu'on y est ?

L'Inspiration est une vierge un peu folle, au regard éloquent, mais aux mutiques sourires trompeurs. Lorsque ses longs cils glissent vers ses joues un rien frémissantes, et pourtant si pales (P.A.L.?), on ne sait si elle acquiesce ou s'il y a de la désapprobation dans son attitude... consentite, ou comptrariée ? ... Les interstices grignotent tout autour, si on laisse faire, ça n'est jamais le contraire...

On cherche tous, on cherche, une vérité fugace, mais infuse (... sans rire)-(y'a pas d'quoi... 'manque l'appoint). Mais n'est-ce point de la moquerie, Lionel d'envisager que, du futur, je serais le geôlier ?
Je ne dispose comme clef, que de ma bonne volonté ! Et puis qui me dit que dans quelques décennies on saura ce que signifiaient ces 3 lettres : OMC ?
(Quand on songe que vers 1990 on payait un disque dur externe de 500 Mo = 5000 anciens nouveaux francs... et que le cyber-standard hésitait entre Amiga et Atari ? Juste avant qu'on nous laisse tomber, sur la tête, définitivement (?), ces "Nouvelles" Technologies 2 l'Information & 2 la Communication.)
Je le répète : ces sigles sonnent comme l'épitaphe du désir d'une cyber-culture digne (de ce nom), comme le râââle d'une utopie ébouriffée, vaguement étouffée dans l'œuf : celle qui consistait à croire dans l'invention de son avenir par l'humain ravigoté (et non pas la dévotion à une capitalisation du progrès dans des machines maquillées), à invoquer le thésaurus de la Création, majeure et vaccinée (et non plus tenter de faire une "économie de morts" comme j'ai pu l'entendre ces jours-ci...)

Le bonheur c'est sûrement plus que l'absence de malheur, bien plus que l'oubli de la souffrance.

Crois-moi, mon self-control est en titanium dégrossi : non seulement je ne me moque pas (ou peu), mais je m'efforce, d'une manière générale, d'avoir de l'empathie, à fleur de peau bien sûr (sinon où pourrais-je me la mettre ?) Cela même quand j'entend des discours qui tentent de me faire gober que la PAIX serait l'absence de guerre(s).
Mais NON, c'est    B  E  A  U  C  O  U  P    P L U S  que ça !!! On le verra, plus loin / "On les aura !" (les beaux jours...)

Pour finir, une image, qui a un rapport parabolique malgré le microcosme évoqué : (<-là, je fais fort depuis que je connais la touche Maj+F7)
... ça serait comme de croire que, parce qu'on lui donne un *trophet doré*, on est quittes, et qu'on peut se permettre de signifier à Monsieur Serge Reggiani qu'il est incapable de chanter encore, et même qu'on va se passer quasi-la necro en direct, en le laissant patauger dans un faux play-back, faute d'avoir mis du charisme dans le protocole, faute de PREVU suffisement (preview is better than interview) pour "marquer le coup", par amour (des paillettes pour le moins)... Ou simplement par reconnaissance pour les vibs qu'il a engendré grave, dans nos petites carcasses contrites (!) sur plusieurs générations qui se croyaient de marbre ... Heureusement sa muse a pris l'allure d'une Carla, à la douce voix italienne, hors micro bien sûr, pour sauver les apparences (puisque c'est de ça qu'il s'agit), pour lui sauver la mise, et notre honneur avec.
Honneur (maintenant on dit "image" : on s'en contente depuis qu'on ne fait plus de backup avec le graveur interne) à la dimension sans doute d'un peuple culturé qui souhaite "sauver les meubles" (Ikea, c'était ça la bonne réponse ?) avant tout... Par narcissisme collectif, comme partout (ou presque) : le revers de la médaille (de guerre) dès que le 4ème pouvoir débarque.
Me suis-je bien fait méprendre ?

Le peuple, c'est toi et c'est moi, alors je n'sais pas quelles sont tes nourritures gustatives ou spirituelles, mais permet que je me serve tout seul, comme un grand ... En attendant que tu saches sur quel pied danser, et que tu m'invites, qui sait ? (au Buffalo Grill ? why not, maintenant je n'suis pas regardant ...)

Sur le fond, je ne comprend toujours pas ce que tu prônes. C'est tout à tour protestataire standard, mystique, imprécateur vitupérant, mais rien n'est jamais très clair même si c'est parfois très inspiré.

Alors vas-y, mon grand, donne tes clefs pour les années/décennies qui viennent. Du concret -- j'ai parlé de l'OMC, par exemple, indique un peu de quoi tu verrais venir une amélioration des choses, les équilibres à trouver, un peu de vision, moi je ne demande qu'à connaître des idées intéressantes auxquelles je n'aie pas pensé.

Excellentes questions ! Et là, on réfléchit ensemble, parce que c'est à peu près là où j'en suis.

Le truc un peu "bâteau", simpliste, que j'ai pu avoir à l'esprit, c'était évidemment, "les métiers maintenant moins qualifiés (fabriquer des moulins à légumes, par exemple), il faut les laisser aux PVD, et les pays avancés doivent tabler sur une éducation et une qualification plus poussées de tous pour exploiter les métiers les plus qualifiés". Tu as raison, c'est probablement trop schématique, et on peut penser, par exemple, que la formidable accélération dans l'ouverture, la documentation, etc. que représente Internet va booster la qualification dans pratiquement tous les pays, même les PVD.

En réalité, les enjeux sont tels qu'il est désormais indispensable d'arbitrer ces questions au niveau mondial. La bonne nouvelle, c'est qu'on a déjà commencé, avec l'OMC. La mauvaise, c'est que c'est encore une grosse foire d'empoigne où on est souvent là que pour défendre ses intérêts et menacer les autres de rétorsions. Je suis cependant de ces idéalistes qui pensent que lorsque tout le monde y met de la bonne volonté, on peut dégager les solutions les plus raisonnables.

Mais pour cela, il faut éclairer les enjeux, les choix possibles, leurs implications, de la façon la plus lumineuse possible, aux yeux de tous. Il faut montrer les conséquences quasi logiques de chaque option. Je crois qu'alors, tous les culs-de-sac seront plus nettement visibles. Et quand une impasse est bien visible, les gens ne sont pas bêtes, personne ne va proposer d'y aller quand même.

En bon idéaliste mais aussi en observateur de l'évolution de notre monde, je me place, on l'aura compris, dans l'hypothèse où il n'est plus supportable à l'opinion occidentale, par exemple, de survivre en faisant la guerre économique aux PVD (cf. l'agriculture). Il est vrai qu'on est très fort pour faire dans le déni, pour faire semblant d'ignorer que la pression économique vient des PVD et non pas tant des multinationales, pour faire semblant d'ignorer qu'il s'agit de la question du partage. Ou peut-être qu'on ne fait pas semblant, qu'une bonne partie des gens sont sincèrement convaincus par ces explications qui n'en sont pas. C'est bien tout cela qu'il y a à clarifier (et on aura compris que je cherche personnellement à contribuer à cette clarification ;o).

Il me semble qu'on se tirera de cette période délicate par ces 2 principes, donc : 1) une architecture internationale d'arbitrage où l'on peut espérer que -- de guerre lasse -- on défende progressivement un peu moins les intérêts particuliers et un peu plus les intérêts généraux ; 2) une clarification toujours plus poussée et toujours plus publique sur "ce qui se passe exactement", et sur chaque problématique.

Bon, sans rien avoir lu, je me doutais bien, Patkoa, qu'il s'agissait d'une "théorie de complot", un volume de texte pareil trompe rarement. En plus, je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais le fait que tu sois apparemment HYPER-documenté sur tout ce qui est armement, voire passionné, tend à renforcer l'hypothèse que tu brodes beaucoup. Remarque, il y a peut-être matière à un bon thriller de pure fiction bien documenté.

Deux remarques : tu dis "les Etats-Unis", mais ce n'est pas comme ça que ça se passe. Un exécutif d'un pays démocratique, même un peu mégalo comme les USA, n'est certainement pas une entité monolithique où tout le monde pense pareil. Un exécutif est un lieu de débat, peut-être de désaccord entre factions. Dire "les Etats-Unis", c'est déjà se condamner à une analyse en partie simpliste, à mon avis. Que les "faucons" les plus durs, genre cette tête de lard de Rumsfeld, aient entretenu des idées de l'ordre de celles que tu suggère, ça n'est pas impossible. Ça ne veut pas dire que tout le monde est sur la même ligne au gouvernement.