Le principe du régime des intermittents, c'est à mon avis un principe de mécénat universel. C'est-à-dire que c'est la communauté nationale dans son ensemble qui subventionne la pratique artistique de ceux qui ont choisi d'en faire leur (dur et doux à la fois) métier ; qui , en quelque sorte, finance les gammes des artistes pour qu'ils puissent s'exprimer ensuite devant elle (la communauté).

Il est vrai que c'est vider d'une partie de sa substance un généreux mécanisme de cette nature que de commencer à faire des exceptions quant à ceux, parmi la communauté nationale, qui le financent ou pas. Donc, d'accord avec toi, il vaudrait mieux que ces "subventions" soient issues de tous les types de revenus (impôt direct) plutôt que juste des revenus du travail (charges sociales). Pour cela, évidemment, il vaudrait mieux que la moitié des Français ne soient pas exemptés de l'impôt sur le revenu, le plus juste, mais... on attend toujours la réforme fiscale dont nous avons bien besoin.

Bon, cela dit, le passage de 43 à 63 concerts par an pour intégrer le système me semble en effet de l'ordre de l'étranglement ! Déjà que ça doit pas être facile d'avoir 43 engagements par an... Malheureusement, c'est un peu l'égoïsme ambiant qui est à l'oeuvre, je crois. Ce n'est pas tellement le coût du régime en lui-même qui pose problème, je crois, c'est la symbolique, et la symbolique, je ne pense pas que ce soit les politiques qu'elle heurte, mais plutôt les bénéficiaires des autres régimes, notamment les salariés, qui ont du mal à admettre de subventionner des gens "à ne rien foutre".

L'interpellation que tu me lances ressortit clairement au "relativisme culturel", dont on sait que la perversité est d'entraîner irrémédiablement vers la conclusion que tout se vaut, que rien ne peut être jugé par personne et qu'il n'y a ni bien ni mal. Ce ne sera évidemment jamais ma position. Le courage éthique consiste précisément à faire des choix plutôt que de refuser de choisir au prétexte qu'aucun choix n'est sans contrepartie ("...pas d'omelette sans casser quelques oeufs").

C'est d'ailleurs ce malentendu actuel sur l'éthique qui, à mon sens, préside aux erreurs de traitement type "Prestige"/Marée noire qu'évoque Fox. Je pense qu'évoquer, en matière de responsabilités, des élus, des fonctionnaires, une inertie institutionnelle, c'est négliger la principale responsabilité, la nôtre ou celle de la population en général. En présence d'une marée noire comme celle-ci, personne, dans la population de Galice, de Bretagne ou de Normandie, n'est dans l'état d'esprit de dire "OK, rapprochez le pétrolier des côtes, nous, on sera touchés, mais ça épargnera 90% des autres dégâts". Actuellement, on est plutôt hors éthique, dans la panique égotiste causée probablement en bonne partie par le simplisme des analyses -- "méchants ultralibéraux", les gros qui écrasent les petits, etc.

A Toussaint :
A part ça, la saga de ton nom d'emprunt est intéressante, Toussaint, non (et le commentaire de Mutante sur ex-Paques et future Ascension bien rigolo ? C'est important, le nom. C'est toi qui avait assez éloquemment plaidé la raison de l'anonymat lorsque j'avais fait la remarque, non ? Est-ce que les idées peuvent vraiment exister sans être subjectivement portées par un individu qui, si l'on vise la transparence et la responsabilité, doit naturellement se déclarer ?

Parfaitement résumé le fond de ma pensée : l'éducation (au sens large) permet d'avoir cette caméra interne, pour se voir soi-même avant "d'avoir la honte", pour ce qu'on aurait pu faire "par manque de discernement" comme tu dis... (c'est le prof qui parle, mais pas seulement... derrière la blouse palpite un petit coeur de... Jocker ? en fait le mot que je ne trouve pas pour dire le contraire de "voyeur". Par exemple, la vue des côtes de Galice en ce moment me donne des hauts-le-coeur, un peu de montée d'adrénaline aussi). Les vrais reality-show me donnent de l'urticaire (les autres aussi d'ailleurs).

A ce propos : mêmes causes même effets (cf. l'Erika dont les dommages sont encore visibles). Comme le disait un navigateur (malchanceux mais expert) de la course du rhum, franc (qd on navigue en solitaire on connaît mal les usages du plancher des vaches et on l'ouvre...) : "j'ai pas compris pourquoi avoir remorqué le pétrolier vers le large, au lieu de s'en occuper vers la côte ? quitte à polluer 40 km au lieu de 400 !" On peut imaginer qu'aucune commune ne se porte volontaire (les élus rasent les murs), et qu'aucun des nbx fonctionnaires impliqués n'assume la responsabilité de trancher. Inertie institutionnelle à la vue basse (le court terme avant tout). Et puis les conseilleurs (la France) ne sont pas les payeurs (au contraire certains se font payer pour leur matos & leur expérience en la matière...)
On préfère laisser croire à l'inéluctable, avec des bénévoles pour se polluer les bronches et les mains à dégager les recoins de côte sinistrés pour des années !

Discernement profitable aussi pour tirer les leçons de ses erreures au lieu de chercher à les escamoter (y compris à ses yeux) .
Démagogie : parler (et faire parler) de controler le porno à la TV quand des distributeurs automatiques de K7 sont à tous les coins de rue !
La TV porno/violente finira par lasser (surenchère déjà à la limite du point de rupture...) et quand y'aura plus d'audimat y'aura plus de cochoncetées (ni de barbaque simili gore) à l'écran. CQFD.

Toussaint qui nous salue bien : "un petit diable résolument odieux [...] et le petit ange avec son air innocent qui demande de la gentillesse et de l'amour à gogo.[...] Les deux pôles sont bien là. C'est fou ce que vous vous compliquez la vie quand même... ;-) Tout ça pour tanguer entre égo(isme) et altruisme"