En fin d’après-midi, alors que nous buvons une Berliner Weisse (la bière blanche locale) en terrasse en face de l’Alte Kantine, quelques notes familières nous font sursauter. Les balances commencent. Après quelques grimaces à travers la fenêtre, nous sommes accueillies par Christian et nous retrouvons l’équipe presque au complet (Louis, Hervé, Cyril, Christian, Laurent et Christophe). Louis et Hervé (nous avons croisé Cyril dans la cour de la Kulturbrauerei un peu plus tôt), qui sont sur scène en train de répéter, viennent nous saluer chaleureusement. Tout le monde est très affairé, le son a l’air compliqué à régler. Un « Je joue », puis un petit blues sympa. La salle est plutôt petite, toute en longueur, avec un plafond à voûtes, qui n’a pas manqué de m’évoquer quelques scènes des Beatles à Hambourg ou au Cavern Club de Liverpool. Je sors mon appareil photo et j’investis les lieux pour essayer d’immortaliser quelques moments d’émotion, d’échange, de questionnement, ...

Après un intermède nouilles chinoises à l’appart, nous voici reparties pour le concert. « C’était un rêve qui m’a balancé ... », nous n’avons raté que les premières notes de « Rêves » heureusement. Le concert a commencé pile à l’heure. Malgré notre léger retard, nous n’avons aucun mal à nous glisser devant car le public (un peu timide ?) a laissé un espace de plus d’un mètre entre la scène et le premier rang (ça sera finalement assez pratique pour se déplacer et photographier, devant et sur les côtés). Les rideaux sont tirés, les trois musiciens ont pris place sur la scène grande comme un mouchoir de poche : à gauche, Cyril, ticheurte rouge à tête de buffle et Rickenbacker en mains ; au milieu, Louis, qui a troqué son ticheurte Téléphone des balances pour son beau ticheurte vert London Calling, avec sa SG autour du cou ; à droite, en retrait, planqué derrière sa batterie, Hervé en ticheurte blanc et rouleau de PQ assorti (il fait une allergie à la poussière). Les lumières, pour cause d’équipe réduite, ne sont pas aussi belles que d’habitude : trop de rouge, trop de bleu, trop dirigées (le genre de truc qui frappe d’emblée quand on fait des photos). La machine powertriostique bien huilée et bien rôdée enchaîne les morceaux : après « Rêves » se succèdent « 2000 nuits » et « Je joue ». Il y a peu de francophones déclarés dans la salle et Louis fait quelques commentaires en anglais sans se répandre car le temps est compté. Il ne parle même pas de la gastro de Carla ni du clitoris géant d’Hervé, etc. ;-) Viennent ensuite « Audimat », « Cendrillon », « Red House », « Won’t get fooled again ». Hervé nous rejoue l’Ange blanc debout sur sa batterie. Rien à redire, c’est toujours aussi bon, vivant et pas calculé au millimètre près, avec l’avantage supplémentaire, sans doute en raison de la courte durée du concert, d’être intense.

21h le concert est terminé. 1h de concert, mini rappel compris, c’est court, trop court, mais c’était vraiment chouette de les voir à Berlin. Le trio disparaît dans la salle de bain qui fait office de coulisses, puis réapparaît du côté du bar quelques instants après. Le deuxième concert (il y en a trois à l’affiche ce soir-là) commence : une chanteuse, dont nous avons oublié le nom, mais qui a pas mal de souvenirs de jeunesse à partager et une très belle 12 cordes. Belle voix mais pas trop notre style de musique et puis nous sommes un peu sous le choc du concert.

La soirée s’achève en plein air devant d’énormes saucisses pleines de moutarde et quelques bières, puis face à un bar dans une soirée néerlandaise à la musique assez improbable. Discussions (le mixage de l’album de Carla, du DVD live, du CD, live, et plein d’autres choses). 3h, il est temps de se séparer. Le temps passe décidément trop vite en bonne compagnie... Retour à l’appart la tête et les oreilles pleines de rêves, dilués dans les vapeurs de la Berliner Weisse.

We were in a small cafe
You could hear the guitars play
It was very nice
It was paradise
You're right and I'm wrong
Hey babe, I'm gonna miss you now that you're gone
One sweet day ...
(Lou Reed, Berlin)